Mes deux techniques de composition préférées
Dès qu’on commence à s’initier à la photographie, c’est impossible de ne pas rencontrer le concept de règles de composition. En plus, tous diront qu’elles sont impérativement « à savoir ». Malgré le fait que je n’aime pas le terme règle dans ce contexte, je suis d’accord que lorsqu'il est appliqué, on donne plus de force à la photo. Je n'aime pas le règle parce qu'elle me fait penser à quelque chose imposée, une méthode qu'il faut absolument appliquer, quelque chose qui presque m'oblige. Mais en réalité, il n’est pas vrai. Personne ne nous oblige qu’une photo suive une certaine règle. C’est pour ça que j’aime plus à utiliser le concept de techniques de composition.
Mais de quoi s’agit-il quand on parle de techniques de composition? En bref, il s’agit de quelques principes qui peuvent être appliqués dans une composition photographique, pour que la photo attire, que le spectateur ait la sensation de tridimensionnalité (par exemple), ou de profondeur de la scène, ou qu'il ait l'impression d'être là, à côté de vous, le photographe. Voilà quelques techniques : la règle des tiers, la symétrie, utiliser les cadres, les lignes directrices, textures, ou modèles qui se répètent, etc. Je vous présente ensuite deux de ces techniques, mes favorites, que j’aime bien et que j’essaie toujours appliquer.
Les lignes directrices
Les lignes directrices (ou leading lines) sont les éléments, naturels ou artificiels, de la scène que nous prenons qui conduisent l'œil du spectateur vers l'élément d'intérêt de la composition. La plupart du temps, les lignes directrices conduisent le spectateur au sujet de notre photo, mais elles peuvent également « guider » les yeux du spectateur à travers toute la scène, en passant d'une zone d'intérêt à une autre. Je disais que les lignes directrices peuvent être des éléments naturels ou artificiels - en voici quelques exemples : un tronc d'arbre, une rivière qui coule, des nuages, des vagues de la mer, ou artificiels : des escaliers, une rangée de maisons, une rangée de poteaux électriques, les colonnes d'un bâtiment, rondes de fleurs, etc. Cette technique fait partie de mes préférées car elle est facile à appliquer (on retrouve de tels éléments un peu partout) et parce qu'elle crée la profondeur dans la photo, la sensation de tridimensionnalité est très bien accentuée. Et rien n’est plus agréable pour le spectateur d’une photo que de percevoir la 3D dans un cadre 2D. Quelques exemples.
Dans la photo ci-dessous, j'ai utilisé comme lignes directrices les éléments de l'architecture du bâtiment, mais aussi le bord du bassin d'eau. L'architecture est si massive qu'elle crée des lignes conductrices très fortes dans la photographie.
Dans une autre composition, j'ai utilisé les pots de fleurs et le fait qu'ils formaient une courbe vers le bâtiment en face de moi.
Bien entendu, même une balustrade en béton ou le rebord d’une fontaine italienne peuvent être transformés en lignes conductrices. Dans les exemples ci-dessous, l’intention de mettre en valeur le sujet de la photo est très claire :
Pour la photo ci-dessous j'ai trouvé une composition très jolie - la direction créée par les colonnes, mais aussi les flèches dessinées sur les colonnes, bien orientées, tout vers le sujet de la photo :
Les cadres
Le cadrage (ou framing en anglais) implique que certains éléments de la composition soient encadrés dans un cadre créé avec d'éléments naturels ou artificiels. La plupart du temps le sujet principal de la photo est placé dans ce cadre, mais ce n’est pas obligatoire. Grâce à cette technique, celui qui regarde la photo a la sensation de regarder à travers une fenêtre, ou de regarder un tableau. Ce cadre peut être créé, comme précisé, avec des éléments de l'environnement tels que : les branches d'un arbre, l'espace entre deux arbres (entre lesquels on peut encadrer l'élément d'intérêt), ou encore : une fenêtre physique dans un mur, la porte ou la fenêtre d'un cottage, une voûte, une partie de l'architecture d'un bâtiment ou, en général, tout espace créé naturellement ou artificiellement à travers lequel on peut « regarder au-delà ». J'aime beaucoup cette technique car elle permet de créer la tridimensionnalité, de la profondeur dans la photo. Parfois, il peut transposer le spectateur dans la scène qu'il regarde, en imaginant immédiatement où se trouvait le photographe, ou la distance avec le sujet photographié, lui faisant vivre un peu de la magie du moment. Comme la première technique présentée – les lignes directrices – l’encadrement est également relativement facile à appliquer, notamment en utilisant des éléments architecturaux de l’environnement.
Dans les photos ci-dessous, les éléments architecturaux mauresques d’Espagne offrent des combinaisons d’encadrement presque illimitées. Le cadrage permettant de capturer plusieurs plans (ou calques) - proches, médians, plus loin - crée une image 3D forte, avec profondeur et perspective.
Dans l'exemple suivant, il y a deux images où j'ai utilisé la même technique de cadrage, mais différemment. La première, à gauche, présente un élément de premier plan très fort (ce cadre créé par le mur de béton), l'œil du spectateur semble attiré par l'élément d'intérêt de la composition, le bâtiment de l'Athénée. La seconde, en revanche, sur le côté droit, a un cadre beaucoup plus souple et plus étroit. Cela ressemble plus à une peinture.
Quelques autres exemples où j'ai utilisé cette technique d'encadrement, soit avec un élément circulaire du portail en fer forgé, soit en photographiant l'écran du téléphone qui, à son tour, photographiait une vieille église italienne :
Deux exemples à la fin :
Voilà, donc, quelques exemples pour les deux techniques de composition. C’est à chacun de les appliquer ou pas. De plus, ces techniques ont prouvé leur efficacité depuis très longtemps, étant appliquées en peinture par exemple depuis des centaines d’années. Bien sûr, la plupart du temps, elles sont combinées avec d'autres techniques – cadrage-en-cadrage, du cadrage et de la symétrie, du cadrage et des lignes directrices, etc. La seule limite est votre imagination.